« Un permis pour tous les jeunes » (L’Opinion)

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Emmanuel Combe a publié le 24 Mai 2022 une chronique dans L’Opinion sur le permis de conduire.

 

Un permis de conduire pour tous les jeunes

 

Savez-vous quel est le premier examen dans notre pays par le nombre de candidats ? Le permis de conduire. Il rassemble chaque année pas moins de 1,4 millions de candidats pour le seul permis B (voiture), soit le double du nombre de candidats au baccalauréat.

Cet examen est précieux pour les jeunes, si l’on en croit une récente étude de l’Institut Montaigne : 85% d’entre eux considèrent qu’il  constitue un véritable sésame pour accéder à l’emploi. Il est également utile pour pouvoir disposer d’une mobilité dans sa vie quotidienne, professionnelle comme privée, en particulier lorsque l’on habite en zone rurale ou périphérique.

Le passage du permis de conduire souffre depuis longtemps d’un problème majeur : les délais d’attente trop longs entre l’inscription aux examens et l’épreuve pratique de conduite. Une première réforme, mise en œuvre en 2015, a consisté à externaliser le passage du Code, en le confiant à des opérateurs agréés comme la Poste ou Bureau Veritas. On peut dire avec le recul que cette réforme a été un succès : aujourd’hui, quelques jours seulement s’écoulent entre l’inscription et le passage de l’examen théorique, contre 4 à 6 mois dans l’ancien système. Une seconde réforme, qui s’inscrit dans la lignée des préconisations de l’Autorité de la concurrence, a conduit récemment le gouvernement à développer l’inscription directe des candidats à l’examen pratique, au travers du site en ligne « Rdv Permis ». Cette réforme va également fluidifier le système et mettre fin à une forme de traitement discriminatoire entre les candidats présentés par les auto-écoles traditionnelles et celles en ligne.

Mais en dépit de ces deux avancées, le sujet des délais d’attente est loin d’être résolu. Un goulot d’étranglement subsiste toujours en aval, dans le passage de l’examen pratique de conduite. En particulier, dans les zones tendues comme la région parisienne, le délai d’attente est supérieur à 3 mois. La crise du Covid n’a pas arrangé les choses : en 2021, 350 000 candidats attendaient pour passer l’examen. Ces délais d’attente élevés ont un impact indirect sur le prix du permis : dans l’attente de leur passage, les élèves prennent des heures supplémentaires de conduite, ce qui vient renchérir le coût total.

Pour remédier à ce  goulot d’étranglement en aval, l’Institut Montaigne formule une proposition audacieuse : elle consiste à mettre en place, une réserve d’examinateurs additionnels, qui viendrait s’ajouter aux 1371 inspecteurs et qui serait mobilisée en fonction des besoins locaux. Cette réserve serait constituée de personnes qui sont en lien direct avec les problématiques de sécurité routière. On songe par exemple à de jeunes retraités de la police, de la gendarmerie, du corps des pompiers ou de l’armée. Ces personnes recevraient bien entendu une formation dédiée et seraient sous le contrôle direct des inspecteurs du permis de conduire, qui resteraient les référents en dernier ressort. L’Institut Montaigne procède à une simulation intéressante : si cette réserve d’examinateurs permettait de réduire le délai de l’examen pratique à deux semaines, le gain monétaire pour chaque candidat serait en moyenne de 480 euros, soit les heures de conduite supplémentaires prises dans l’attente de l’examen. Une telle réforme serait donc également très utile pour le pouvoir d’achat des jeunes.

 

 

 

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