« Etats-Unis : employeur cherche employés » (L’Opinion)

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Emmanuel Combe a publié dans L’Opinion le 17 Août 2021 une chronique sur la pénurie de main d’oeuvre aux Etats-Unis.

 

Employeur cherche employés

 

« Pénurie » : voilà un terme qui revient souvent depuis quelques mois lorsque l’on évoque le fort rebond de l’économie américaine. Pénurie de matières premières, de produits intermédiaires, de machines-outils et … de main d’œuvre.  Le terme de « pénurie » peut surprendre dans ce dernier cas, alors même que le taux de chômage américain se situe encore à 5,4% en Juillet –soit 2 points au dessus de son niveau d’avant la crise du Covid-19. Cette pénurie semble particulièrement marquée dans certaines professions comme la restauration, les loisirs ou l’hôtellerie, où les entreprises peinent à recruter.

Les origines de cette situation sont multiples et personne n’y voit encore très clair sur l’importance de chaque facteur.

Un premier facteur pourrait tenir à la hausse des prestations d’assurance chômage durant la pandémie, qui aurait incité certaines personnes à rester chez elles plutôt qu’à reprendre un emploi. Notons toutefois que ces prestations chômage sont d’un montant assez limité et qu’elles ont déjà pris fin dans certains Etats, notamment concernant l’aide fédérale supplémentaire de 300$.

Un second facteur qui peut jouer est la fermeture d’une partie des écoles et des crèches, qui handicape le retour sur le marché du travail de l’un des deux conjoints, et notamment des femmes. Il s’agit à nouveau d’un facteur assez conjoncturel.

Un troisième facteur, plus structurel, tient à l’éventuelle inadéquation entre l’offre et la demande de travail, ce que les économistes appellent un problème de « mix match ». L’inadéquation peut toucher les compétences : en effet, les compétences recherchées par les employeurs ne correspondent plus forcement à celles que la main-d’œuvre peut offrir, dans la mesure où la crise du Covid-19 a modifié la répartition sectorielle des jobs. Par exemple, une hôtesse de l’air qui a perdu son travail ne peut pas immédiatement occuper un emploi de chef de rayon dans un supermarché. L’inadéquation peut être également géographique : l’essor du travail à domicile pendant la pandémie a conduit des ménages à quitter les zones urbaines pour rejoindre des zones moins denses, alors que certains emplois, comme dans la restauration, sont restés majoritairement localisés en centre-ville.

La conséquence de cette pénurie de main d’oeuvre est assez logique : lorsque la demande de travail augmente plus vite que l’offre, les travailleurs sont en position de force pour obtenir des hausses de rémunération.  Ainsi, dans le secteur des loisirs et de l’hôtellerie, les salaires ont augmenté de 9,6 % par rapport à l’année précédente mais ils se situaient à un niveau notoirement bas.

Faut-il s’en inquiéter ? Si cette hausse des salaires venait à se généraliser et se prolonger dans le temps, le problème prendrait une tout autre dimension et un autre nom : l’inflation salariale. On verrait alors ressurgir un phénomène bien connu durant les années 1970/80  et qui a disparu depuis : la « boucle prix-salaires ». De quoi s’agit-il ? Face à la hausse du coût du travail, les entreprises pourraient réagir en augmentant le prix de leurs produits et services, en particulier dans les secteurs abrités de la concurrence internationale. Une véritable course poursuite s’enclencherait entre hausse des salaires et hausse des prix. On en est encore loin pour le moment mais en économie, rien n’est jamais impossible

 

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