Emmanuel Combe a publié le 22 Août 2024 une tribune dans Les Échos.
Les JO, reflet d’une France des excellences
Dans une France qui n’en finit pas de douter, la formidable réussite des JO aura eu un mérite inestimable : celui de nous rappeler que nous pouvons être fiers et unis lorsque nous donnons à voir le meilleur de nous-mêmes. Au fond, ces JO auront été le miroir de ce qui nous définit le mieux, à nos propres yeux comme à ceux du reste du monde : la recherche de l’excellence. Cette quête de l’excellence pourrait constituer la matrice de toute notre économie, tant elle est source de création de richesses et porteuse de valeurs positives et inclusives.
Cette France des excellences existe déjà à vrai dire. Regardons dans quels secteurs se trouvent nos principaux excédents commerciaux. C’est bien sûr celle des industries du luxe : nous sommes, avec les Italiens et les Suisses, les champions du monde du luxe à la personne. Mais c’est aussi celle de l’aéronautique, des matériels de transport, des navires et bateaux, du tourisme, des parfums et cosmétiques, des boissons et produits du terroir. Alors que notre balance commerciale affiche en 2023 un déficit de 99 milliards d’euros, tous ces secteurs présentent de solides excédents commerciaux.
Cette France est une France ouverte sur le monde, comme le sont les JO. L’excellence permet même de faire la «mondialisation à l’envers » : la mondialisation n’est plus seulement une machine à délocaliser et à comprimer les coûts, elle devient aussi une formidable opportunité de partir à la conquête du monde, pour y exporter des produits uniques et à forte valeur ajoutée. Elle devient aussi une terre accueillante pour les touristes du monde entier, dès lors qu’en plus de nos monuments et paysages, le sourire, l’accueil, la qualité des services publics, le goût du bon produit sont au rendez-vous.
Cette France a le mérite d’être plurielle, tout comme les épreuves des JO. La recherche de l’excellence n’a pas de secteur réservé. Elle peut être partout, car elle est d’abord une attitude, une démarche productive, fondée sur la qualité des produits et des services. Elle repose sur des ingrédients aussi variés que les savoirs scientifiques – pensons par exemple à notre médecine ou notre French tech- la créativité, l’excellence de la main et des savoir-faire, le design -un beau produit se vendra toujours mieux qu’un produit qui ne l’est pas-, les marques et labels, le service et l’accueil, les délais de livraison, la qualité de fabrication.
Cette France des excellences, à l’image des JO, est ouverte à tous. Elle se nourrit de tous les talents : celui des chercheurs, des ingénieurs, des ouvriers qualifiés, mais aussi des artisans, des commerçants, des agriculteurs. L’excellence dans la production est une matrice qui peut rassembler tous les Français, autour de valeurs fortes comme le goût de l’effort et du travail bien fait. Elle peut redonner de la fierté, de l’ancrage local, à une mondialisation trop souvent vécue comme une menace. Elle permet aussi d’en finir avec la tyrannie de la réussite scolaire unique : s’accomplir en misant sur la qualité comme ouvrier qualifié, commerçant ou artisan n’est pas moins méritant que de sortir d’une grande école.
Pour construire cette France des excellences, le levier essentiel est celui de l’éducation. Nous ne pourrons opérer la montée en gamme de toutes nos productions, sans opérer en parallèle une montée en gamme des qualifications : pas de qualité des produits sans qualification des hommes. De tous les hommes. Luttons davantage contre l’illettrisme et le décrochage scolaire. Diversifions les voies de la réussite scolaire. Incitons davantage de jeunes à s’orienter vers les formations scientifiques mais aussi les métiers de la créativité et du service.
Notre pays est de petite taille mais, avec son esprit Astérix et sa French touch, il a tout pour réussir dans le vaste monde. Education et formation pour tous, reconnaissance de tous les talents, récompense du mérite, de l’effort et du travail : tels sont les principaux ingrédients de cette économie des excellences. Nous en sommes capables. Il nous reste juste à le vouloir.
