« Le pouvoir d’achat passe par l’éducation » (L’Opinion)

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Emmanuel Combe a publié une chronique sur l’éducation et le pouvoir d’achat dans L’Opinion, le 26 Avril 2022.

 

Le pouvoir d’achat passe par l’éducation

 

Le pouvoir d’achat aura été, sans surprise, l’un des thèmes clé de la campagne présidentielle. Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont rivalisé de propositions sur ce sujet, que ce soit avec la baisse de la TVA, le bouclier tarifaire ou le chèque énergie. Ces propositions visent un objectif légitime mais de court terme : soulager le portefeuille des Français, dans un contexte de flambée des prix. Mais, ne nous y trompons pas, à long terme, le pouvoir d’achat ne se décrète pas : il se construit au travers d’une politique de croissance. Cette dernière repose sur l’alchimie subtile de multiples ingrédients, au premier rang desquels figure l’éducation.

En premier lieu, la maitrise d’un minimum de savoirs et de compétences constitue la condition d’accès au marché du travail, surtout pour les jeunes. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : le taux de chômage des personnes disposant au mieux du brevet des collèges est de 14,5%, soit presque le double de la moyenne nationale. Il atteint même 44% pour ceux sortis sans diplôme depuis moins de 4 ans. Il est donc vital de lutter contre le phénomène des NEETs, ces jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation. Ils sont 1,5 millions dans notre pays. Lutter contre le décrochage scolaire n’est pas seulement une question de justice sociale : c’est aussi un enjeu de croissance perdue et donc de pouvoir d’achat. Selon une récente note du Cercle des économistes, la non intégration des NEETs au marché du travail représenterait un manque à gagner pour l’économie française de 0,4 point de PIB, sans même compter le coût pour les finances publiques estimé à 22 milliards d’euros.

En second lieu, la qualité du système éducatif influe sur la croissance économique, en améliorant la productivité des individus et leur adaptabilité à un environnement changeant. En la matière, les chiffres sont assez inquiétants : que ce soit dans PISA ou TIMSS, qui mesure les compétences en mathématiques, la France se situe en dessous de la moyenne européenne. Un chiffre frappe les esprits : dans la dernière enquête TIMMS, 15% des élèves français ne disposent pas des connaissances élémentaires en mathématiques, contre 6% en Europe. Si l’on veut augmenter durablement le pouvoir d’achat des Français, il est essentiel d’accroître leur productivité, ce qui suppose d’investir davantage et mieux dans le capital humain.

En dernier lieu, dans un monde où la croissance passe de plus en plus par l’innovation et la recherche, il est crucial de disposer d’un large vivier d’excellents élèves. Pour ce faire, la réduction des inégalités scolaires constitue un levier important, en permettant de remédier au phénomène des « Einstein perdus » (selon l’expression de Jaravel), ces élèves qui pourraient exceller si on les mettait dans des conditions favorables de réussite. Notre pays a beaucoup à faire en la matière : la France est le pays de l’OCDE où la réussite scolaire reste la plus corrélée à l’origine sociale.

Au-delà des nécessaires mesures de court terme, si l’on veut améliorer durablement le pouvoir d’achat des Français, la meilleure des politiques c’est d’investir dans l’éducation de tous, en menant une action globale qui aille du décrochage scolaire à l’excellence scolaire.

 

 

 

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