« Décarbonation des transports : l’enjeu de la voiture du quotidien » (L’Opinion)

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Emmanuel Combe a publié une chronique sur la décarbonation des transports dans L’Opinion, le 24 Mai 2022.

 

Décarbonation des transports : l’enjeu de la voiture du quotidien

A l’heure où le gouvernement vient de dévoiler son plan pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui concerne tout particulièrement le secteur des transports, il est interessant de revenir sur la situation particulière qu’occupe la voiture individuelle dans notre pays et sur les solutions possibles qui permettront une décarbonation efficace.
Rappelons qu’en France, si le secteur des transports contribue à hauteur de 31% aux émissions de gaz à effet de serre, la moitié de ces émissions provient de la voiture individuelle sur des trajets du quotidien. Pourquoi les Français utilisent-ils si souvent leur voiture ? Tout d’abord, parce qu’ils habitent en périphérie des grandes agglomérations, avec une distance croissante entre leur lieu de résidence et de travail. Aussi parce qu’ils n’ont pas vraiment d’autres choix : les liaisons en transports collectifs entre la périphérie et l’agglomération sont peu développés, sans même parler des liaisons au sein de la périphérie, où la mobilité du quotidien, par exemple pour faire ses courses, impose l’usage de la voiture. Notre politique de développement des transports en commun s’est trop longtemps centrée sur la mobilité au sein des agglomérations, dans le seul but de faciliter la qualité de vie.
Au-delà du passage au véhicule électrique, acté dans le plan du gouvernement, l’enjeu collectif  de la décarbonation est aussi d’inciter les Français à prendre moins leur voiture demain, pour leurs déplacements quotidiens. Comment faire ? En rendant plus accessibles les transports collectifs.
Un premier levier d’action consiste à développer des solutions d’intermodalité, qui permettent, sinon de remplacer en totalité la voiture, à tout le moins d’en réduire l’utilisation sur une partie du trajet. Par exemple, un trajet commencé en voiture peut se poursuivre en bus ou en train. Cela suppose de développer massivement des infrastructures de parking à proximité des gares et de garantir une grande fluidité dans le transfert d’un mode de transport à l’autre.
Un second levier est de développer les modes de transport collectif qui offrent le « coût d’évitement » le plus faible, c’est-à-dire qui permettent de réduire fortement les émissions de CO2 sans que cela ne coûte trop cher à la collectivité. A cet égard, contrairement à ce que l’on entend trop souvent, le train n’est pas toujours la meilleure solution, notamment sur les trajets entre la périphérie et l’agglomération. A titre d’exemple, une récente étude de Terra Nova montre que, sur des trajets de 20 km en France, le  coût d’évitement de la tonne de C02 peut être plus faible en car qu’en TER. Dans un tel cas de figure, la mise en place d’un réseau de cars express, avec une fréquence élevée aux heures de pointe et un bon  maillage territorial, apparaît plus adapté.
A l’heure de la décarbonation des transports, les décideurs publics doivent indiquer clairement aux Français que la réduction de l’usage de la voiture individuelle passe aussi par l’essor des transports collectifs, au delà du passage à  la voiture électrique. Ils doivent également rester ouverts à toutes les solutions de mobilité collective, en adoptant une démarche sans a priori.

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