« La Bourse, c’est la vie économique » (L’Opinion)

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Emmanuel Combe a publié une chronique dans le journal L’Opinion, le 22 Avril 2015 sur le fonctionnement de la Bourse.

 

La Bourse, c’est la vie économique

Alors que le nombre de particuliers investissant en Bourse s’était effondré en France après 2008, un frémissement se fait jour depuis peu. Selon Euronext, les Français reviennent sur le marché des actions. Occasion rêvée de rappeler des vérités simples sur la Bourse.

Tout d’abord, l’économie n’est pas un monde figé mais un organisme vivant, marqué par « la destruction créatrice », surtout à l’heure du numérique et de l’innovation disruptive : de nouvelles entreprises entrent, qui viennent bousculer les leaders, au point parfois de les pousser sur la voie du déclin. Il est donc logique que certaines actions connaissent de fulgurantes ascensions, à la mesure des croyances sur les profits futurs, tandis que d’autres voient leur cours boursier descendre aux enfers, avec parfois la faillite au bout du chemin. Pour autant, il est impossible de prévoir qui seront les nouveaux géants économiques et donc quelles actions verront leur cours exploser demain. Si on le savait à l’avance, l’information serait déjà reflétée dans les cours, comme l’a magistralement démontré Eugène Fama, prix Nobel d’économie en 2013. Il est donc vain de passer des heures, avant d’investir, à tenter de découvrir la pépite cachée que personne n’aurait vue. Plusieurs expériences confirment qu’il n’existe pas de stratégie pour « battre le marché », si ce n’est…le délit d’initié. Ensuite, la croissance économique est toujours un pari sur l’avenir puisqu’elle repose sur l’investissement. Le cours d’une action est donc par nature volatile puisqu’il reflète la somme actualisée des profits futurs… anticipés. Investir en actions sans risque est un oxymore. Mais la contrepartie du risque, c’est le rendement : plus un actif est risqué, plus son rendement sera élevé. Force est de constater que sur le long terme les actions restent le placement le plus rentable, comparé à l’or, l’immobilier ou les obligations d’Etat : selon une étude de l’AMF, sur la période 1988-2013, le rendement réel des actions du CAC40 a été de 6,6 % par an (dividendes réinvestis) et de 2,6 % hors dividendes, ce qui reste imbattable.

Créer de la valeur. Enfin, la Bourse nous rappelle ce qui fait l’essence de l’activité économique : la création de valeur. L’important n’est pas tant de produire et de vendre – « faire du chiffre d’affaires » – que de vendre plus cher que ce que cela ne coûte – « réaliser une marge ». Cette marge dépend du prix que le client est prêt à payer et, à ce titre, comprend une part de subjectivité. Prenons l’exemple de Starbuck : voilà une entreprise qui commercialise des cafés de qualité, avec votre prénom sur le gobelet en carton, dans des lieux plutôt sympathiques et branchés. Elle affiche une capitalisation boursière de… 72 milliards de dollars, pour un chiffre d’affaires de 12 milliards. 72 milliards, c’est plus que la valeur boursière de notre fleuron technologique Airbus ! Des cafés qui valent plus que des avions : est-ce bien raisonnable ? Si l’on regarde du côté de la rentabilité, le paradoxe disparaît : Starbuck réalise une marge supérieure à 12 %, qui la rapproche plus des acteurs du luxe (20 % en moyenne) que de l’industrie. Au fond, ce que nous montre chaque jour la Bourse, c’est que l’important en économie n’est pas de savoir si l’on fabrique des produits industriels, agricoles ou des services ; l’important est de créer de la richesse, qu’elle qu’en soit la forme.

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